SPIRITUALITE & PHILOSOPHIE
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inscrite au fronton du temple de Delphes
RELIGION OU SPIRITUALITE ?
Ces deux termes sont souvent pris pour synonymes par habitude ou par ignorance. Mais aussi parce que cela permet de cacher son étiquette religieuse pour mieux vendre son produit. Le terme de spiritualité est paré d'une aura plus généreuse et d'une estampille œcuménique. Les religions étant trop connotées "concurrence" on se targue de ne chercher que la spiritualité étant bien entendu que c'est la sienne propre qui est la meilleure. Il convient donc de distinguer chacune de ces deux appellations. Puis, dans une deuxième approche, de comprendre pourquoi elles vont à l’encontre des valeurs dont elles se réclament, au point de tuer au nom d’un dieu de miséricorde, sans se rendre compte de la contradiction. Ce type d’inversion sera le genre d’indicateurs guidant notre analyse de ces ensembles sociaux que sont les religions.
Comment définir la Religion...
Un double appareil
Par religion on entendra une formation sociale constituée de deux ensembles :
Le premier est fait d'un corpus de représentations agencées en dogme, lui-même cimenté par une adhésion présentée comme obligatoire, appelée foi ou croyance ; ce corpus de représentations est chargé d'apporter par des rites des réponses aux questions existentielles que se pose une communauté d'individus à une époque et dans un environnement donnés. Ce corpus de représentations, images, schémas "explicatifs" donne des raisons supposées aux malheurs subis, aux catastrophes naturelles, un sens à l'Histoire lui-même indexé sur la suite donnée à la vie des individus ou se substituant à cette angoissante question.
Le deuxième ensemble qui constitue la religion est l'appareil organisationnel qui en assure la visibilité et le fonctionnement. Il est constitué des personnes, institutions et règles de fonctionnement chargés de véhiculer le corpus de représentations, d'y former des personnes et de le transmettre. Pour le mettre en œuvre, l'appareil organisationnel traduit et alimente le dogme en mythes, rituels et autres supports d'identification . Il fonde ainsi sa légitimité à inculquer ses contenus aux personnes désignées comme destinataires ; à cet effet il se dote d'une organisation interne, de modalités d'enseignement et de contrôle qui le mettent à l'abri des contingences et dangers qui peuvent le menacer, de façon à assurer la transmission de son contenu, mais également et surtout de façon à asseoir sa pérennité ou sa soif de puissance voire de toute-puissance.
...et différencier la Spiritualité.
Questionnement
La spiritualité est le message qu'est sensé véhiculer la religion, mais pas en tant que dogme. Message en tant que création de symbolique, en tant qu’outils d’apaisement des conflits, de traitement de l’angoisse et des crises d’indifférenciation que rencontraient la communauté. (C’est à ce niveau que se faisait la collusion avec le plan religieux qui, lui, ne s’embarrasse pas de moyens et apaise à la louche, par la violence notamment par le meurtre collectif, voir les analyse de René Girard). Autre était le niveau de spiritualité en tant qu’outil de compréhension, comme problématique de réel, c'est-à-dire façon de maintenir ouvert un questionnement sur ce que la vie produit d'évènements sans s'arrêter à la première impression. Pratique de l'attention au sens d'observation mais aussi de prévention contre la perception qu'on est habitué à avoir, contre la lecture qu'on fait du réel en se jetant sur la première idée bouche-trou qui vient occulter le trouble de l’ignorance.
Plus qu'une vision des choses la spiritualité est l'instrument de l'optique. Et qui se prend aussi comme objet d'étude afin de ne pas tomber dans la certitude ou l'auto-validation. Elle est une façon de poser le problème autant qu’elle pose problème à l’ego. Elle devient un challenge de l'esprit à la faveur duquel il se produit lui-même, se développe. Et dans ce processus, il apprend la déprise et la relativité autant qu’il constitue une connaissance. C'est à cela qu'invite l'inscription du temple d'Apollon à Delphes mise en exergue sur ce site.
Ouvert
Là où la religion apporte des réponses la spiritualité cherche des questions, ouvre des débats, remet en question les évidences, interroge les certitudes. Paradoxalement, la spiritualité est au cœur de la religion comme son opposé, à la fois contrepoids et déséquilibre porteur qui la pousse en avant et la re-convoque perpétuellement à réouvrir le débat que la religion chercher perpétuellement à clore parce qu’elle cherche à rassurer.
C'est donc une opposition de nature qui se loge au cœur du rapport religion-spiritualité. Ce rapport ambivalent va de l'ouverture à la clôture et nécessairement de la clôture à l'ouverture, homologue du rapport à la vie. Il représente la Loi du vivant autant que des institutions et des groupes. En effet, le propre de l'homme est d'être un système ouvert qui doit nécessairement se clore suffisamment et ne pas y arriver parfaitement sinon à courir le risque de s'étouffer lui-même. Comme le lui rappelle son fonctionnement biologique il ne peut continuer à vivre qu'à la condition de s'ouvrir, d'intégrer de l'autre, de l'extérieur, ne serait-ce que de la nourriture, ou plus basiquement encore de l'air !
Et vif
La spiritualité se centre sur le message non en tant que corpus sacré, intangible, mais en tant que pratique utile. Il s'agit du message en tant qu'il est intégré par la personne, mis en œuvre comme attitude de développement par rapport à la vie. Plutôt que tel ou tel contenu, la spiritualité est une attitude pratiquée. On pourrait même dire que son contenu c'est uniquement la forme, qu'elle est une forme vide de contenu, alliage du vide et de la forme. Forme à laquelle elle propose d'initier la personne qui la sollicite, forme sans contenus : optique de non-jugement, pratique de l'interrogation, intégration de ce qui est autre, ouverture à ce qui est. Et si elle se centre sur la façon dont la personne l'intègre et la met en pratique, elle laisse à chacun la charge de s'auto-évaluer sur ce point.